Janvier 2021
Les archives Claj Jeunesse Camping sont à prendre en considération. Elles nous posent un certain nombre de questions : quelle utilité ? pourquoi s’y intéresser maintenant ? où se trouve-t-elles ? dans quel état ? qui peut s’occuper de les ranger utilement ? pour quelle exploitation ? les ressources que ça demande ?
Une première chose c’est de s’entendre sur ce que recouvre, pour nous militants Claj, le terme « archives ». Qu’est ce qu’on entend par là ? Les archives c’est l’ensemble des documents écrits, sonores et vidéo, photographiques qui relatent l’histoire de l’origine à nos jours de l’association Claj Jeunesse Camping hormis donc les Claj des autres régions. On parlera de fonds historique.
Pourquoi mettre sur le tapis cette question aujourd’hui ?
Nous sommes arrivés en tant qu’association à un stade de développement avancé, des changements profonds sont survenus ces dernières années, des générations de dirigeants très différentes se sont succédé en l’espace de 75 ans et celle qui se profile demain dans les cinq, six ans à venir n’a pas du tout les mêmes caractéristiques que la génération qui tient les rênes aujourd’hui et les conditions d’exercice de la direction des Relais de la Jeunesse sont elles aussi très modifiées. Qu’on en juge par la photographie de l’association en début d’année 2021 : un relais international de la jeunesse, celui de Cap d’Ail en moins - celui d’Allos aux mains d’une SCIC qui aura une indépendance très forte dans sa gestion et sa vie coopérative - celui de Calvi avec une autonomie récente qui laisse là encore beaucoup de liberté de choix dans sa façon d’évoluer – celui d’Antibes qui va être rénové et se dirige vers un fonctionnement moins centralisé qu’auparavant – une action associative très réduite comparativement à ce que l’on a connu.
Autonomie et indépendance sont deux notions liées mais néanmoins différentes : - être autonome c’est la capacité à faire les choses par soi-même tout en étant relié à une autorité. – être indépendant c’est le fait de s’auto-régir, sans en référer aux personnes alentour.
Un danger réel d’éparpillement et plus important encore de perte de sens est à craindre. (il serait intéressant d’aller plus loin dans l’explication et il faudrait définir qu’est ce que c’est pour nous militants Claj la notion de « perte de sens », certains diraient perte de l’idéologie)
Les futurs dirigeants n’auront pas traversé les épreuves, les exploits, les évènements des prédécesseurs, n’auront pas au départ du moins la culture associative dans laquelle on a grandi et à laquelle nous (les anciens toujours sur le pont) avons activement participé et fait évoluer.
La question c’est comment peut se réaliser cette passation de connaissances, de savoirs et expériences associatives - comment ce corpus idéologique auquel doivent la spécificité des Claj et son originalité, peut se fusionner avec les réalités du monde actuel et le bon vouloir des futurs dirigeants ?
Une des réponses (il y en a plusieurs) est bien sur, vous l’aurez compris, la mémoire archivée.
Comment se présentent les archives à ce jour ?
Dans l’état où elles se trouvent elles ne sont pas exploitables, à deux ou trois exceptions près, et non des moindres : le livre des « années 50 », le livre des « années 60 » et le livre « un homme en dehors du bocal ».
Pour ce qui est des années 70 (et les années 70 sont, attention, le point de départ et le point final de la régionalisation des comités Claj, de la distanciation avec le central et des différences de conception entre Paris et nous Jeunesse Camping) à aujourd’hui c’est en vrac. Il y plusieurs lieux distincts de stockage de ces archives : le Jas, le local électricité à Clairvallon2 et le bureau de la compta à Clairvallon1. Des ressources individuelles existent également chez les uns et les autres (surtout pour la dernière période) et les disques durs des ordinateurs de ci de là. Des documents sonores, enregistrements, des photos, des films en 16mm se trouvent en toute vraisemblance dans le local photo de Clairvallon2. J’ai aussi des enregistrements de Robert et Bébert et des films super8 des Claj La Bocca. Il existe aussi les interviews de Marthe Demirjian, Titine Rabarin, Suzon Pérénes et Christiane Mondino réalisées par Chris Carlès et moi. Enfin on peut aussi compter les affiches, Spécial Jeunesse et banderoles diverses.
Rendre accessible cette tranche d’histoire, cette documentation.
Voilà un objectif simple à formuler mais à ce stade de la réflexion de nombreuses questions se bousculent. La première de toutes c’est « réalisons nous un fonds de documentation qui s’en va vers un organisme qui assure la sauvegarde de la mémoire et permet la consultation pour des chercheurs en sociologie, des intellectuels, des étudiants en sciences sociales, etc.
Ou bien faisons nous une espèce de sanctuaire organisé qui permettrait la visite, la navigation par des militants, les acteurs associatifs d’aujourd’hui et de demain.
Ou un mix des deux, à savoir un dépôt dans un centre national d’archivage et un fonds Claj personnel et synthétique (une espèce de « Claj pour les Nuls »).
Selon que l’on opte pour l’une ou l’autre de ces optiques le travail qui nous attend ne sera pas le même.
Je propose de limiter là le questionnement et donner à chacun la possibilité de donner son avis et de faire part des suggestions, projections qui lui semblent réalisables. La voie choisie donnera le carnet de route adéquate.
Bon travail.
Michel Buselli
J’ajouterais à ce travail qui nous attend plusieurs commentaires et réflexions.
Le premier, et avant tout, c’est que le projet d’archivage peut être un projet dynamisant selon la façon de procéder.
Il peut associer bon nombre de personnes à différents stades de sa réalisation : par exemple demander à tous les militants de ramener leurs documents propres qu’ils ont en possession donc ça donne l’occasion de retrouver, rencontrer, rassembler un maximum de copains anciens, avec des petites pépites certainement (exemple Lucien C. qui a des photos de la signature de l’achat de Caravelle depuis le bureau du notaire), en faire une espèce de foire-exposition, de rassemblement du souvenir amical et festif.
Autre possibilité qui peut s’offrir c’est celle d’un cycle de conférences sur des sujets ayant rapport avec l’éducation populaire, la jeunesse, la politique vivante et les CLAJ, une occasion de s’enrichir mutuellement, de faire appel aux compétences autour de nous et chez nous.
Possibilité encore plus pointue celle de fabriquer, créer des fiches synthétiques relatives à l’histoire des CLAJ (« les CLAJ pour les Nuls ») pour être consultables très simplement et rapidement pour la génération qui monte. Un travail considérable où nombre de copains pourraient s’investir. Des fiches sur l’action au travail, l’action au lycée, la bande de quartier, la PRJ du Foreston, le bénévolat, les festivals de la jeunesse, la guerre d’Algérie, la gestion des Relais, la construction de Clairvallon II, le ski populaire, les collectifs de lutte, la liste est très loin d’être complète…
Cette action d’archivage peut prendre, on le voit, un aspect différent que l’image qu’on peut avoir des bibliothèques poussiéreuses et des archivistes voûtés, barbus et binoclards. Loin de nous l’idée de se débarrasser de matériel encombrant car au contraire ce peut être une activité dynamique, collaborative et de formation militante.
Le deuxième relève du choix de l’association qui propose à la fois la constitution du fonds (sous forme de don ou de dépôt), son archivage, ses formules de consultation et l’aide concrète apportée sous forme de conseils, de mise à disposition d’un archiviste professionnel ou étudiants archivistes, de formations également. Il y a en lice deux associations proches : Le CNAHES et le FONJEP. Le choix de l’une ou l’autre portera sur la nature des archives que l’une et l’autre regroupent et donnent à la consultation. Enfin, sur l’aide apportée, les possibilités de formules que respectivement chacune propose. Et aussi en final le coût qui peut en résulter pour des prestations égales. Des trois conditions celle concernant l’aide, la praticité, les solutions sur mesure possibles est la plus importante à mes yeux.
Pour information l’acronyme CNAHES signifie Conservatoire National des Archives et de l’Histoire de l’Education spécialisée et de l’Action Sociale.
FONJEP : Fonds de coopération de la Jeunesse et de l’Education Populaire qui gère le PAJEP (pôle de conservation des archives des associations de jeunesse et d’éducation populaire) et lui-même ayant une branche d’activité appelée ADAJEP (Association des Donnants d’Archives de l’Education Populaire).
Des raisons militent pour un camp ou pour un autre.
Avant de se définir je propose que Chris Carlès et moi fassions un travail de contact, de recherche pour prochainement présenter plus en profondeur, de manière plus serrée les deux possibilités et faire un tableau comparatif.